Debbie Sparrow, victime d'une bartholinite : "C'est fou qu'il y ait autant de cas et que personne n'en parle !"

En 2019, Debbie Sparrow, chanteuse et créatrice de contenu, découvre une grosseur au niveau de sa vulve. Victime d'une bartholinite, elle a vécu plus de quatre ans d'errance médicale avant de pouvoir se faire opérer. Sur les réseaux sociaux, elle raconte son combat pour libérer la parole sur cette maladie intime et méconnue.

Le 8 janvier 2024, sur TikTok, Debbie Sparrow poste une vidéo qui a depuis généré plusieurs dizaines de milliers de vues : "Je me fais opérer de la vulve dans 72 heures." Non, il ne s'agit pas d'un récit sur la nymphoplastie, mais d'une opération pour une maladie très peu connue : la bartholinite. Après des années d'errance médicale, la jeune chanteuse et créatrice de contenu a décidé de prendre la parole sur ce sujet intime, dans l'espoir d'aider les personnes qui pourraient en souffrir.

Une rencontre anxiogène avec "Marie-Thérèse"

Sa bartholinite, Debbie Sparrow l'a surnommée avec humour "Marie-Thérèse". "Je l'ai contractée début 2019, et elle m'a pourrie la vie jusqu'en janvier 2024", explique-t-elle. "Une bartholinite, c'est une inflammation de la glande de Bartholin, qui servent à lubrifier pendant les rapports. Quand cette glande se bouche, cela bloque le liquide, et ça crée un kyste, et si ça traîne trop, ça peut s'infecter et créer un abcès."

"Le premier symptôme qui m'a alertée, c'était une grosseur", se souvient-elle. "Ce n'était pas quelque chose de dur, mais plutôt de mou. Je ne me suis pas trop inquiétée, j'ai pris rendez-vous avec le gynéco, mais j'ai dû attendre trois semaines, un mois avant d'avoir un rendez-vous disponible. Un délai suffisant pour que ça empire et que je finisse aux urgences." En effet, sa bartholinite avait eu le temps de s'infecter, rendant le traitement plus douloureux et plus invasif que si le problème avait été pris à temps.

Les symptômes d'une pathologie méconnue

"Parmi les symptômes de la bartholinite, on retrouve une douleur et/ou un gonflement à l'entrée du vagin, sur le côté", précise Cathie Boquet-Couderc, sage-femme, infirmière et titulaire d'un diplôme universitaire de Physio-Nutrition Clinique et Biologique. "Au toucher, on remarque une tuméfaction plus ou moins importante. Cela peut être causé par une irritation, une inflammation pendant un rapport sexuel, ou avoir une origine infectieuse, sexuellement transmissible ou non."

Il existe plusieurs types de traitement : "En cas d'inflammation des glandes de Bartholin, ou de début d'infection, on peut appliquer une crème ou un gel intime anti-irritation", précise la spécialiste. "Il est possible de pratiquer un petit massage doux pour faire évacuer le mucus. En revanche, si l'infection est avérée, il est essentiel de consulter un professionnel de santé : sage-femme, médecin généraliste ou gynécologue, pour un traitement à base d'antibiotiques et de probiotiques."

Hospitalisée, Debbie a subi une première opération : "Ce qu'on m'a fait, c'est vraiment une mise à plat du kyste, c'est-à-dire qu'on ponctionne ce qu'il y a à l'intérieur, et c'est tout ce qui se passe. Ce que je ne savais pas, c'est que, dans de nombreux cas, ça ne suffit pas. A l'époque, je ne savais pas non plus que j'étais atteinte d'endométriose, et avec les fluctuations hormonales, ça n'aide pas. L'un dans l'autre, c'est devenu un problème chronique. Après la ponction, la convalescence était assez lourde. Une semaine alitée, un mois sans porter de charge lourde, mais je n'ai jamais vraiment vu de résultat différent. Même après la mise à plat, je sentais encore une grosseur."

Vidéo. Debbie Sparrow, victime d’une bartholinite : "Psychologiquement, ça n’est pas facile de voir son intimité déformée"

Le début d'une errance médicale

Commence alors un véritable parcours du combattant. "Derrière, j'ai eu pas mal d'errance médicale, parce que j'ai vu plusieurs gynécologues qui ne voulaient pas opérer, qui voulait simplement refaire une mise à plat, ce que je ne voulais pas puisque la première n'avait pas été concluante", explique la jeune femme. "J'en ai parlé avec pas mal de femmes qui avaient eu le même problème que moi. Après avoir été diagnostiquée d'une endométriose profonde, je suis allée voir une spécialiste, qui m'a proposé de m'opérer en janvier 2024." Soit plus de quatre ans après sa première hospitalisation.

Durant ce laps de temps, Debbie Sparrow a connu des périodes difficiles. "Psychologiquement, ce n'est pas facile de voir son intimité déformée. Avant l'opération, j'avais beaucoup d'épisodes dépressifs, et c'est quelque chose sur lequel j'ai vraiment envie d'appuyer, parce que je l'ai retrouvé chez toutes les femmes avec qui j'en ai parlé. On vit dans une société remplie d'injonctions sur le corps des femmes, jusqu'à notre intimité." Aussi, au-delà des douleurs physiques, l'opération apparait comme un moyen pour elle de se reconnecter avec son corps, pour apaiser son esprit.

Une opération qui a tout changé

"Pour l'opération, je pensais qu'il fallait faire une ablation de la glande, mais elle me l'a déconseillée. Elle m'a recommandée de faire ce que l'on appelle une marsupialisation", explique la chanteuse. "C'est une opération qui se pratique en cas d'abcès", précise Cathie Boquet-Couderc. "Il s'agit d'une petite incision réalisée sous anesthésie locale, pour permettre une évacuation et un drainage du pus, ce qui entraîne un soulagement immédiat."

"Je pense que je n'avais pas vu ma vulve comme ça depuis 2019", confirme Debbie Sparrow. "Ça a été beaucoup d'émotions, car j'ai eu l'impression de me reconnecter à mon intimité. Là, je suis à un mois post-opération. Mon kyste n'est pas revenu, et tout va bien. Ça m'a changé énormément de chose, psychologiquement comme physiquement. Ça va beaucoup mieux !"

Mais surtout, la jeune femme ne regrette pas d'avoir décidé d'évoquer sa convalescence sur les réseaux sociaux, dans des vidéos qui ont touché des dizaines de milliers de personnes. "Ce qui m'a encouragée à en parler sur les réseaux sociaux, c'est de me sentir tellement seule face au corps médical. D'être à chaque fois face à des personnes qui ne pouvaient pas m'apporter de réponse, de soutien, ou qui le faisaient d'une façon extrêmement violente, sans m'expliquer quoi que ce soit. J'ai fait cette première vidéo où je parlais de la bartholinite sur les réseaux, et quand j'ai vu le nombre de témoignages de personnes qui ont vécu la même chose... Je me suis dit, c'est fou qu'il y ait autant de cas, et que personne n'en parle."

Aujourd'hui, elle l'affirme : "Il faut arrêter d'agir comme si c'était quelque chose de honteux ou même de sale : c'est la vie, et plus on va en parler, plus on pourra protéger d'autres personnes pour faire en sorte qu'elles ne laissent pas traîner ce genre de chose." Avant de conclure en lançant un appel aux partenaires des personnes qui souffrent de problèmes intimes : "C'est à vous d'épauler la personne avec qui vous êtes, de ne pas la faire se sentir honteuse, et l'accompagner dans un parcours qui peut être difficile."

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