Secrets de famille : "J'ai découvert que mes grands-oncles étaient des agresseurs sexuels. Ils ont abusé d’au moins deux générations d’enfants"

Rosalie a été victime d'abus sexuels de la part d'un de ses grands-oncles. En discutant avec un membre de sa famille, elle découvre que tout le monde savait qu'ils abusaient des petites filles de la famille.

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Secrets de famille : "J'ai découvert que mes grands-oncles étaient des agresseurs sexuels. Ils ont abusé d’au moins deux générations d’enfants"

Crédit : Getty

Selon le Ministère du travail, de la santé et des solidarités, 160 000 enfants seraient victimes d’agressions sexuelles dont 77% au sein de leurs familles. Rosalie a découvert que sa famille était concernée, malgré le silence qui pèse sur ces faits graves : "J’ai découvert que deux hommes abuseurs sexuels d’enfants de ma famille étaient identifiés comme tels, mais pas inquiétés. Ils ont donc pu abuser d’au moins deux générations d’enfants."

En 2019, elle se rappelle avoir subi un abus sexuel de la part d’un de ses grands-oncles pendant des vacances en famille en Alsace. En posant des questions à ses proches, elle fait une découverte étonnante : "J’ai appris que cet homme, mort depuis, avait été au tribunal pour des abus commis sur une cousine éloignée."

En 2024, elle entame une discussion avec l’un de ses oncles à propos des agresseurs sexuels au sein des famille et en particulier leur propre famille. Celui-ci lui répond comme une évidence : "Oui, comme les grands-oncles A et B". Il m’ expliqué que ces deux grands-oncles d’Alsace s’enfermaient souvent avec les plus jeunes filles de la famille pour faire on ne sait quoi, une vingtaine d’années avant les abus commis sur moi et sur celle qui a porté plainte. Il avait été étonné que mes grands-parents ne disent rien à ces deux beaux-frères quand ils faisaient de telles choses."

Rosalie remarque que cet oncle avec lequel elle parle aujourd’hui de ces affaires n’a lui non plus n’a rien dit pendant des années. Quand elle évoque le sujet avec sa mère, Rosalie est étonnée de voir les gestes minimisés : "Elle m’a dit que le grand-oncle aimait "bécoter" les petites… ça se savait. À aucun moment , elle n’a envisagé que je pouvais être victime d'abus alors que tout le monde savait ce que faisaient ces deux hommes. Et même maintenant, ça ne l’effleure pas alors que j’y allais en vacances tous les étés."

Devenue maman entretemps, Rosalie, refuse l’omerta qui règne sur ces agressions sexuelles au sein de sa propre famille mais reconnait qu’elle est malheureusement trop commune : "C’est l’exemple type du secret de famille : tout le monde sait et personne ne nomme."

En 2021, selon des chiffres gouvernementaux, 13% des femmes et 5,5% des hommes disaient avoir subi des violences sexuelles dans leur enfance, dont des violences incestueuses pour 4,6% des femmes et 1,2% des hommes. Conscient de la violence et de la gravité de ces chiffres, et grâce au travail de sensibilisation de la comédienne Andréa Bescond par exemple, le gouvernement a lancé un grand plan contre les violences faites aux enfants. Ce plan, baptisé "Violences", est mené de 2024 à 2027 et vise à protéger les enfants face aux violences dont ils sont victimes. L’ancienne ministre Elisabeth Borne précisait que ce plan était "aussi un engagement : traquer ces violences partout, dans la famille comme au dehors." Charlotte Caubel, alors secrétaire d’état chargée de l’enfance, s’est engagée à ce que ce plan permette une meilleure protection des enfants dans le but "d’endiguer ce fléau". Comme pour toutes les formes de violence, la reconnaissance de ces souffrances passe aussi par une libération de la parole, de la part des victimes et anciennes victimes, mais aussi des familles concernées.

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