Lacoste : 5 choses à savoir sur la marque au crocodile qui habille Roland-Garros

Chaque semaine, Yahoo vous invite à mieux connaître une entreprise. Petits secrets, anecdotes, histoires insolites, ne manquez pas l’occasion d’épater vos amis. Pour ce 119e épisode, focus sur une marque française entrée dans la légende : Lacoste.

Lacoste : 5 choses à savoir sur la marque au crocodile qui habille Roland-Garros (Crédit : Mandoga Media/picture alliance via Getty Images)

Reconnaissable dans le monde entier grâce à son emblématique crocodile, saviez-vous que la marque française a été fondée par un champion de tennis ? En 1923, le jeune René Lacoste, 19 ans, embarque sur le mythique paquebot France direction les États-Unis (la traversée de l’Atlantique dure 7 jours) pour disputer un match de Coupe Davis contre l’Australie, à Boston.

Avant ce match décisif, les joueurs français s’entraînent et profitent de leur temps libre pour se balader en ville. Lors d’une promenade, René Lacoste remarque une valise en crocodile de toute beauté en vitrine. Ni une, ni deux, son entraîneur lui promet la valise s’il remporte le match à venir. Malgré un beau combat, la logique sportive de l’époque est respectée et le jeune Français s’incline. Impressionné par la ténacité de Lacoste et sa capacité à ne jamais laisser respirer sa proie mais aussi informé de l’histoire de la valise, un journaliste américain lui donne le surnom de "crocodile" dans son article. Personne ne le sait encore mais le nom de ce reptile changera le cours de sa vie.

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Le crocodile prend forme en 1927 sous les traits de son ami et styliste Robert George (qui sera plus tard le premier directeur artistique de la marque Lacoste). René Lacoste le fait immédiatement broder sur ses blazers. Pendant ce temps-là, le tennisman brille et remporte de nombreux titres prestigieux (Roland-Garros, Coupe Davis, Wimbledon…). Il domine le tennis mondial dans les années 1920 et 1930, devenant l’un des quatre Mousquetaires du tennis français avec Jacques Brugnon, Jean Borotra et Henri Cochet. Au moment de prendre sa retraite pour soucis de santé, il a une idée en tête : offrir aux joueurs plus d’aisance dans leurs mouvements et casser le code vestimentaire qu’il juge trop rigide sans s’affranchir de l’élégance et du style. La marque que l’on connaît aujourd’hui voit officiellement le jour en 1933. Elle est la première marque à afficher de manière visible son logo sur un vêtement à une époque où ils étaient plutôt cachés à l’intérieur des habits.

René Lacoste lors d'un match de Coupe Davis en 1927 (Crédit : AFP via Getty Images)
René Lacoste lors d'un match de Coupe Davis en 1927 (Crédit : AFP via Getty Images)

Si l’on vous dit Levi’s, vous pensez instantanément au jean 501 et quand on vous parle d’Adidas, les Stan Smith sont indissociables. Pour Lacoste, son vêtement signature n’est autre que son célèbre polo qui a révolutionné le vestiaire du sport avant de devenir une icône du quotidien reconnue sur toute la planète. Fièrement porté par les cadres dans les années 1980, ce must-have du vestiaire masculin a ensuite été adopté par les jeunes de banlieue au cours de la décennie 1990. Au-delà de la chemisette qui permet de s’embourgeoiser, les jeunes se ruent aussi sur les survêtements, un autre classique des collections Lacoste, qu'ils portent au quotidien.

"Cette appropriation par certaines populations jeunes et populaires a pu poser un petit souci à l'entreprise, il y a quelques décennies, tant cette nouvelle clientèle était différente de celle jusqu'alors conquise par le style Lacoste", avancent Les Échos. Dans les villes ou les campagnes, sur la poitrine des golfeurs ou des rappeurs, cet habit iconique est surtout très apprécié car il est confortable, intemporel et laisse le corps respirer parfaitement. Lancé dès les débuts de la marque en 1933 grâce à une rencontre entre René Lacoste et André Gillier, un grand industriel français du textile, le polo original baptisé L. 12.12 pour les puristes était uniquement blanc - seule couleur autorisée sur les courts de tennis - jusque dans les années 1950 avant de se décliner au fil des années dans une palette de plus de 50 coloris.

Selon Les Échos, plus de 5 millions de polos Lacoste ont trouvé preneur en 2022, soit 10 polos par minute. Ce best-seller lancé il y a 91 ans représenterait toujours un tiers du chiffre d'affaires de la marque.

Le polo Lacoste a conquis toutes les classes (Crédit : THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)
Le polo Lacoste a conquis toutes les classes (Crédit : THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

Entre la marque imaginée par l'un des meilleurs joueurs du tennis à la fin des années 20 et le seul tournoi du Grand Chelem à se disputer sur terre battue, le lien est fort. Depuis 1971, Lacoste est partenaire du tournoi et habille les arbitres, juges de lignes, ramasseurs de balles et bien sûr joueurs durant la quinzaine. Dans les travées de Roland-Garros, les polos Lacoste sont partout. Après tout, ces deux symboles de la France sont intimement liés. En 1928, le stade d'Auteuil était construit pour accueillir les vainqueurs de la Coupe Davis remportée, en 1927, par Lacoste, Borotra, Cochet et Brugnon.

Chaque année, la griffe tricolore propose aux amoureux du reptile une collection spéciale. Cette édition 2024 (du 20 mai au 9 juin) avec Novak Djokovic et Daniil Medvedev, respectivement numéro 1 et 4 mondial, en tête de gondole ne fait pas exception avec casquettes, jupes plissées, shorts et bien sûr polos à la vente. Le contrat entre Lacoste et Novak Djokovic, qui s’étire jusqu’en 2025, est évalué à 8,3 millions d’euros par an.

Et quand l’acteur Pierre Niney est nommé ambassadeur de la marque au crocodile en février dernier, c'est naturellement à Roland-Garros qu'il est convié pour assister au nouveau défilé Lacoste. Les deux partenaires historiques ont d’ores et déjà scellé leur union jusqu'en 2025. Au moins.

Djokovic après sa victoire à Roland-Garros le 11 juin 2023 (Crédit : Tim Clayton/Corbis via Getty Images)
Djokovic après sa victoire à Roland-Garros le 11 juin 2023 (Crédit : Tim Clayton/Corbis via Getty Images)

En près d’un siècle d’existence, Lacoste n’est pas une marque connue pour créer le buzz ou susciter quelconque scandale. Toutefois, la marque présente dans une centaine de pays sur tous les continents s’est fâchée avec le Maroc en 2023.

La raison de la colère ? La commercialisation de polos Lacoste avec une carte incluant les pays du monde, mais amputant le Maroc du Sahara. "Pour la monarchie marocaine, la reconnaissance de sa souveraineté sur ce territoire est avant tout symbolique. Se prévalant de l’allégeance historique des tribus locales à l’empire alaouite, Rabat considère le Sahara occidental comme sien", résume Le Monde. Face au tollé et aux appels au boycott de la marque française au Maroc, le groupe tricolore a retiré des rayons les polos de la discorde.

Que serait Lacoste sans son cultisme reptile ? Consciente d’avoir créé un logo culte, la marque de vêtements française a voulu utiliser cette notoriété pour éveiller les esprits. En 2018, Lacoste a pris le parti de changer son logo au profit de 10 espèces animales menacées d’extinction. Les vêtements de la collection limitée baptisée "Save Our Species", en collaboration avec l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ont été confectionnés dans une quantité "qui correspond au nombre d'animaux recensés dans la nature".

Au total, 1 775 polos collector à 150 euros pièce ont été mis en vente. Le temps d’un instant, le Marsouin du golf de Californie, la tortue Batagur de Birmanie, le perroquet Kakapo ou encore le tigre de Sumatra ont remplacé le crocodile. L’initiative a rencontré un franc succès puisque l'ensemble de cette collection éphémère s'est écoulée en moins de 24 heures.