Avant le Festival de Cannes, Alain Sarde, le producteur de Polanski, Doillon et Godard, accusé de viols

Dans « Elle », plusieurs femmes accusent le producteur de 72 ans de faits susceptibles d’être qualifiés de viols, d’agressions sexuelles, ou de harcèlement, entre 1983 et 2003.

METOO - À la veille de l’ouverture du Festival de Cannes, la parole des femmes continue de se libérer. Une enquête du magazine Elle, publié ce lundi 13 mai au soir, révèle des témoignages glaçants de neuf actrices à propos d’Alain Sarde, producteur de 72 ans aux deux cents longs-métrages. . Plusieurs d’entre elles l’accusent de viols, de harcèlements et de chantages entre 1983 et 2003. Aucun des faits décrits n’a fait l’objet de plaintes, selon nos confrères. Le producteur de David Lynch réfute ses accusations.

Judith Godrèche devant le CNC, pour demander la démission de Dominique Boutonnat mis en examen pour agression sexuelle

L’une des femmes interrogées raconte avoir été violée alors qu’elle n’avait que 15 ans, et Alain Sarde le double de son âge, 33 ans. Un après-midi de 1985, l’actrice qui préfère rester anonyme se rend chez le producteur, près du parc Monceau à Paris, pour décrocher le rôle pour un film du réalisateur Robin Davis.

Alain Sarde la complimente, lui offre des chocolats, avant de l’entraîner sur son lit, dit-elle. « Il m’a sauté dessus. Je me souviens très bien de ses lèvres, de sa bouche dégueulasse. Il était laid malgré ses mains manucurées. C’était bestial ! Il m’a maintenue et m’a violée. », se souvient-elle avec dégoût.

De la même manière, une autre actrice raconte s’être vue offrir des chocolats avant de se faire agresser. « Soudain, il m’a fourré le morceau [de chocolat] restant dans la bouche, tout en me renversant en arrière et en se vautrant sur moi. », décrit celle qui avait 21 ans à l’époque et se rendait chez Alain Sard pour jouer dans un long métrage de Jean-Luc Godard. Elle réussit à s’échapper, le producteur la traite de « salope » dans son dos.

Une autre femme confie à Elle avoir été piégée, en 1990, dans les locaux de sa boîte de production, Sara Films, située avenue des Champs-Élysées. Celui qui a remporté la Palme d’or à Cannes en 2002 avec Le Pianiste de Roman Polanski lui aurait imposé une fellation, « avant de s’essuyer avec un mouchoir. »

Ce qui ressort de ces témoignages c’est l’emprise du producteur sur de très jeunes femmes. Comme l’atteste le témoignage de cette autre victime présumée qui n’avait que 15 ans quand elle côtoyait « le roi du cinéma » en 1985 : « Très vite, il m’a expliqué que si je voulais percer (...), je devais être gentille avec lui. Je n’avais pas le choix, je me sentais coincée. J’étais paralysée par la peur, il en a profité pour me violer brutalement par-derrière. Je me suis sentie fautive ».

« Nous, les actrices, nous n’étions que de la chair fraîche. Les producteurs avaient sur nous un pouvoir de vie et de mort. », constate, elle aussi, avec aigreur Laurence Côte, César du meilleur espoir féminin en 1997, qui dit eu affaire à Alain Sarde, en 1996, lorsqu’il produisait Les Voleurs, d’André Téchiné. Alain Sarde l’a invitée au restaurant avant d’insister pour « aller plus loin ».

Par la voix de son avocate, Alain Sarde a réfuté ces allégations « toutes mensongères, qui lui prêtent des comportements qu’il réprouve et qui lui sont totalement étrangers », écrit- Jacqueline Laffont dans un communiqué cité dans Le Parisien.

« Il affirme n’avoir jamais usé de la moindre violence ou contrainte dans ses relations avec les femmes dont le consentement a toujours été primordial pour lui », a-t-elle ajouté.

En 1997, Alain Sarde avait été mis en examen pour « viol et tentative de viol » et écroué à la prison de la Santé. Il était accusé d’avoir eu recours à un proxénète, un photographe, pour emmener deux jeunes femmes dans sa demeure pour les violenter. La justice a finalement prononcé un non-lieu en 1999, tout en soulignant « un recours régulièrement au cours de la période considérée aux services de prostituées ».

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