Amiens : la mairie interdit la mendicité dans le centre-ville jusqu'à fin août, les associations s'insurgent

Pendant quatre mois, il est interdit de mendier dans le centre-ville d'Amiens. Un arrêté municipal qui ne passe pas auprès des associations et ONG.

"C'est honteux." Pour Christophe, sans domicile fixe depuis une dizaine d'années à Amiens (Somme), l'arrêté municipal interdisant la mendicité dans le centre-ville est vécu comme une injustice.

"Se faire chasser comme ça alors qu'on essaye de manger, c'est horrible", a-t-il déploré au micro de RMC. "C'est honteux car on ne règle pas le problème dans le fond. On met les gens encore plus dans la misère qu'ils ne le sont."

Depuis ce mercredi 1er mai à 8 heures, il est désormais interdit de mendier dans de nombreuses rues du centre-ville amiénois, et ce pour une durée de quatre mois. "L'exercice de la mendicité est interdit sur le domaine public du 1er mai au 31 août du mardi au samedi de 8 heures à 20 heures", a écrit la maire Brigitte Fouré dans un arrêté le 25 avril dernier.

D'après la mairie, la mendicité est "de nature à causer des troubles à l'ordre public en générant des attroupements avec parfois de l'alcoolisation". Une mesure soutenue par les commerçants locaux.

"Aujourd'hui, on est face à de gens qui ont un comportement agressif. Certains rentrent même dans les commerces et viennent faire cette demande", a constaté Gaël Mordac, président de la Fédération des commerçants du centre-ville d'Amiens. "On souhaite retrouver un centre-ville paisible."

Très vite, les associations locales se sont emparées du sujet. À commencer par la Ligue des droits de l'homme (LDH) d'Amiens qui a fustigé "l'arrêté de la honte" qui "assimile la pauvreté à la mendicité et à l’alcoolisme, tout en affichant une action en faveur du commerce, dont l’intérêt devient alors supérieur à celui des droits humains".

"La LDH n’accepte pas, n'acceptera pas cette chasse aux pauvres qui combine déni et stigmatisation, au mépris de la dignité humaine", a écrit l'ONG sur son compte Facebook.

C'est pourquoi la LDH a annoncé déposer un recours contre cet arrêté. D'après sa président à France 3 Hauts-de-France, l'audience aura lieu le 13 mai prochain.

Pour l'association "L'espoir pour nos amis de la rue", l'arrêté est "aberrant" pour les sans-abri. "Où vont-ils aller? Que vont-ils faire? Ce sont des questions que tout le monde se pose", a remarqué Gaëlle, la secrétaire de l'association qui vient en aide aux personnes démunies. Et de poursuivre: "Mettre une amende, ok, mais ils n'ont pas de sous. Ils vont payer avec quoi? Rien du tout."

D'autres pointent du doigt la volonté de la mairie de "nettoyer" la ville avant le passage de la flamme olympique, le 4 juillet prochain.

Article original publié sur BFMTV.com