Pourquoi doit-on travailler le lundi de Pentecôte, et sommes-nous payés ?

Le lundi de Pentecôte est un jour férié… mais pas forcément chômé ! Car c’est aussi la Journée de Solidarité, durant laquelle chaque employeur décide si ses salariés travaillent ou non. D'où vient cette spécificité ?

En France, environ un tiers des salariés travaillent le lundi de Pentecôte, selon un sondage  Randstad de 2016 (image d'illustration : Getty images)
En France, environ un tiers des salariés travaillent le lundi de Pentecôte, selon un sondage Randstad de 2016 (image d'illustration : Getty images)

Une date qui fait chaque année figure de casse-tête pour les salariés. Annoncé comme férié dans les calendriers, le lundi de Pentecôte n'est pour autant pas forcément chômé dans bien des entreprises.

La Pentecôte puise ses origines dans la Bible. Cette fête chrétienne célèbre la clôture de la période pascale, le septième dimanche après Pâques. Née au IVème siècle, elle symbolise aussi le Saint-Esprit. Dans de nombreux pays, comme la France, l’Allemagne ou la Belgique, elle se poursuit le lendemain par un jour férié, le lundi de Pentecôte. Ce n’est pas le cas en Espagne ou en Italie, par exemple. Cette année, elle tombe le lundi 20 mai 2024.

En France, le lundi de Pentecôte est officiellement déclaré férié depuis la loi du 8 mars 1886. Mais cette fête a changé de statut plusieurs fois ! On vous explique pourquoi, ce jour-là, certains doivent travailler et d’autres non.

Lundi de Pentecôte : férié, chômé, payé ?

C’est depuis Jean-Pierre Raffarin que tout a changé. À l'été 2003, alors qu’il est premier Ministre, la France connaît une canicule dramatique qui fait plus de 19 000 morts. Le gouvernement de droite décide alors de mettre en place une journée de solidarité aux personnes âgées, le même jour que le lundi de Pentecôte.

Ce jour-là (et même s’il est légalement férié), c’est à l’employeur de décider si son salarié travaille (exception faite des moins de 18 ans, hors secteurs du commerce, restauration et hôtellerie). Mais serez-vous payé ?

  • Dans le secteur public, vous travaillez mais vous n’êtes pas rémunéré. Vous devrez travailler "sept heures sans rémunération" (au-delà des 7 heures, les heures supplémentaires sont payées), ou prendre une journée de RTT ou de congé.

  • Dans le secteur privé, cela dépend de votre employeur. Il peut vous demander de travailler. Que vous soyez en CDI ou en CDD, vous percevrez alors votre rémunération habituelle, mais sans majoration (sauf si votre convention collective le prévoit). Si votre entreprise a prévu que vous ne travaillez pas, vous êtes également payés ce jour-là – sauf pour les salariés embauchés depuis moins de 3 mois. Dans tous les cas, la journée de solidarité est obligatoire en France. Votre entreprise devra donc l’appliquer sous forme d'une journée de travail supplémentaire sur l'année (l’équivalent de 7h), non-rémunérée. Votre entreprise n’est pas obligée d'indiquer la journée de solidarité sur votre fiche de paie.

Depuis 2008, et face à la pression des syndicats, la mesure a un peu évolué. Votre entreprise peut fixer la journée de la Solidarité un autre jour que le lundi de Pentecôte, c’est-à-dire n’importe quel jour férié (sauf le 1er mai), sur une journée de RTT ou sur un samedi par exemple.

Qu’il s’agisse du privé ou du public, l’équivalent du salaire de l’employé est versé à l’État, sous forme d’une cotisation, le CSA, qui représente 0,30 % de la masse salariale brute. Elle permet de financer une Caisse de solidarité pour l'autonomie des personnes âgées et handicapées.

En France, environ un tiers des salariés travaillent le lundi de Pentecôte, selon un sondage du groupe Randstad de 2016.