En Géorgie, la présidente appelle Macron à venir dans son pays pour sortir de l’influence russe

Les détracteurs d’une loi controversée récemment votée y voient une tentative de détourner la Géorgie de l’Europe pour l’entraîner vers la Russie de Vladimir Poutine.

Son absence est une « aberration ». Enlisée dans une profonde crise politique liée à la loi controversée sur l’« influence étrangère », la Géorgie appelle la France à l’aide et à venir sur place par l’intermédiaire de sa présidente Salomé Zourabichvili. Une demande urgente en réponse à une promesse (non-tenue) par le président français.

En Géorgie, la loi sur l’influence étrangère adoptée dans un contexte inflammable

Après avoir opposé son véto à la loi sur l’« influence étrangère » qui divise le pays depuis de nombreuses semaines et l’entraîne sur une pente fragile qui le rapproche encore un peu plus de l’emprise russe, la cheffe d’État géorgienne insiste désormais pour qu’Emmanuel Macron se rende au plus vite à Tbilissi. Une volonté politique primordiale selon elle pour « sortir définitivement le Caucase (...) de l’influence russe ».

Il faut dire que le véto de la présidente géorgienne ne semble pas vraiment pas inquiéter le parti au pouvoir (« Rêve géorgien ») qui assure qu’il dispose de suffisamment de voix au Parlement pour adopter ce texte malgré le véto présidentiel. Un texte qui souhaite imposer à toute ONG ou à tout média recevant plus de 20 % de son financement de l’étranger de s’enregistrer en tant qu’« organisation poursuivant les intérêts d’une puissance étrangère » et de se soumettre à un contrôle administratif. Un dispositif relativement proche de ceux à l’œuvre dans la Russie de Vladimir Poutine.

En réaction à la loi, votée mardi et condamnée dans la foulée par l’Otan, l’ONU et la Commission européenne, Salomé Zourabichvili espère qu’Emmanuel Macron tiendra la promesse qu’il lui a faite. « Emmanuel Macron m’a promis pratiquement depuis mon élection, en 2018, qu’il viendrait. Il faut qu’il le fasse avant le début de la campagne électorale (des législatives géorgiennes) en septembre », a insisté la présidente dans une interview au journal La Tribune Dimanche.

Désormais, elle attend de pied ferme le chef d’État français le 26 mai prochain, comme elle l’a fait savoir dans cet entretien : « Que la France ne soit pas présente, c’est une aberration. Je le dis en termes très clairs. J’ai écrit au président Macron, je l’attends pour la fête de l’indépendance de la Géorgie », qui aura lieu à cette date.

« Ce n’est pas seulement la Géorgie dont il est question, il s’agit de sortir définitivement le Caucase des mentalités du joug soviétique et de l’influence russe », a-t-elle ajouté, avant de prendre à partie l’ensemble des dirigeants de l’Union européenne : « Qu’ils viennent ! ».

Pro-européenne, la présidente géorgienne avait annoncé samedi son véto contre le texte en rappelant que « personne ici ne souhaite entrer en confrontation avec la Russie. C’est très important pour l’avenir de l’Europe, y compris pour une Europe de la sécurité. Ici, c’est la mer Noire, zone de transit énergétique et de communications ».

En Géorgie, les protestations de masse contre l’adoption de ce texte ne cessent de se multiplier pour dénoncer cette tentative de détourner la Géorgie de l’Europe pour l’entraîner vers la Russie. Toutefois, le veto présidentiel « ne changera rien. Néanmoins, il est très important. (...) Je suis en quelque sorte la voix de cette société qui dit non à cette loi », a-t-elle défendu dans les colonnes du journal français, rappelant que « la loi va être adoptée » dans tous les cas.

De ce fait, elle a lancé un appel au calme, estimant qu’aucun Géorgien « ne souhaite aller vers l’instabilité ». Raison pour laquelle elle invite ses concitoyens à arrêter les manifestations. « Prenons acte et passons à la phase suivante. Dans une démocratie, c’est dans les urnes que l’avenir doit se décider », a fini par lâcher la présidente du pays candidat à l’entrée dans l’Union européenne depuis décembre 2023.

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