À Rafah, le désespoir des réfugiés palestiniens avant l’offensive israélienne

GAZA - « Honnêtement, on ne sait plus où aller. » Lundi 6 mai, Israël a lancé une opération visant à faire évacuer des dizaines de milliers de familles palestiniennes de l’est de la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. L’armée vient d’y débuter une offensive d’ampleur dans sa guerre contre le Hamas.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, annonce depuis des semaines une offensive prochaine sur cette zone, indispensable selon lui pour anéantir les derniers bataillons du mouvement islamiste dans le territoire palestinien. Une opération qui pourrait tourner au « bain de sang » pour les civils de cette zone densément peuplée, craint l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, des Gazaouis interrogés lundi sur place, juste avant le début de l’opération israélienne, crient leur désespoir face à ce nouvel ordre d’évacuation « temporaire », qui concerne environ 100 000 personnes résidant dans l’est de la ville. Ces derniers doivent rejoindre une « zone humanitaire » plus à l’ouest.

Après des mois d’errance, pour plusieurs depuis le nord de la bande de Gaza, c’est la consternation parmi les réfugiés. « Où iront ces civils ? Dans la mer ? », s’interroge Abu Ahmed, un Palestinien dans un camp de réfugiés à Rafah.

« Zone humanitaire »

L’ONU estime qu’il y a maintenant environ 1,2 million de personnes réfugiées à Rafah, qui abritait autrefois environ 250 000 personnes environ, soit une densité de population presque deux fois supérieure à New York, avec près de la moitié de la population constituée d’enfants, dont beaucoup ont été déplacés à plusieurs reprises et s’abritent dans des tentes ou des logements précaires et instables.

Des tracts largués lundi matin sur les quartiers est de Rafah avertissent que « l’armée israélienne s’apprête à agir avec force contre les organisations terroristes » et que quiconque reste « dans la zone met en danger sa vie et celles de sa famille ».

« Pour votre sécurité, l’armée israélienne vous demande d’évacuer immédiatement vers la zone humanitaire élargie d’al-Mawasi », à une dizaine de kilomètres de Rafah, est-il indiqué. Selon l’armée, « des hôpitaux de campagne, des tentes et un volume croissant de nourriture, d’eau, de médicaments et autres » sont installés dans cette zone.

La guerre entre le Hamas et Israël a éclaté le 7 octobre dernier quand des commandos de la branche armée du mouvement islamist infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque dans le sud de l’État hébreu, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.

Durant l’attaque, plus de 250 personnes ont été enlevées et 128 restent captives à Gaza, dont 35 sont mortes, selon l’armée.

L’offensive israélienne lancée dans la bande de Gaza en représailles a fait jusqu’à présent 34.683 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Israël a juré d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

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