Qui est Mohamed Amra, le détenu qui s’est évadé après l’attaque d’un fourgon pénitentiaire à Incarville ?

Au moins deux morts et trois blessés parmi les agents pénitentiaires. C’est le bilan provisoire dressé après l’attaque, ce mardi 14 mai, de deux fourgons qui transféraient un détenu à la prison d’Évreux (Eure). Des hommes armés ont attaqué le convoi au niveau d’un péage de l’A154, avant de prendre la fuite avec le détenu. Très vite, 200 gendarmes ont été mobilisés et le plan Épervier a été déclenché. Mais que sait-on du fugitif ?

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Avant l’attaque, le détenu avait tenté de scier les barreaux de sa cellule

Le détenu qui s’est évadé est Mohamed Amra et est âgé de 30 ans. Né le 10 mars 1994 à Rouen, le fugitif est surnommé "La Mouche", mais aussi "Yanis", "Momo" ou "Schtroumpf", raconte Le Monde. Il est mis en examen pour "tentative d’homicide en bande organisée" à Saint-Etienne du Rouvray (Seine-Maritime). Sa notice rouge émise par Interpol indique également que Mohamed Amra mesure "entre 1 mètre 74 et 1 mètre 80", a des cheveux ondulés châtain, des yeux marron et une barbe.

Le 7 mai 2024, il était également jugé à Évreux pour sept vols commis dans l’Eure en 2019, explique Paris-Normandie. Le tribunal l’a condamné à 18 mois de prison ferme pour "vol avec effraction", notamment dans des supermarchés et commerces de la banlieue d'Évreux, précise BFM.

Mohamed Amra a été incarcéré à la prison des Baumettes, puis à celle de la Santé avant d’arriver à celle d’Évreux. Il y a deux jours, il était placé en quartier disciplinaire après avoir tenté de "scier les barreaux de sa cellule", rapporte une source pénitentiaire à nos confrères du Parisien. "La Mouche" serait également à la tête d’un réseau de stupéfiants, selon une source policière au même média.

Selon Europe 1, le fugitif avait été mis en cause à 19 reprises entre l'âge de 11 et 14 ans, principalement pour des faits de violences, vols et extorsions.

Impliqué dans une tentative d'assassinat en Espagne ?

Selon Le Parisien, le nom de Mohamed Amra est évoqué dans une affaire de tentative d'assassinat d'un Français à Marbella, en Espagne. Des faits qui remontent au 18 juillet 2023 quand, en début de soirée, un homme porteur d'un fusil automatique, le visage camouflé par une casquette et un foulard noir, surgit dans les rues. Des images montre cet homme tirer à plusieurs reprise avant de fuir à bord d'un véhicule conduit par un complice, également armé. Le véhicule sera retrouvé brûlé quelques minutes plus tard.

Élément important qui a attiré l'attention des enquêteurs : le tireur était porteur d'un maillot de l'Olympique Lyonnais. En France, la PJ de Rouen avait ainsi récolté des informations estimant que l'opération armée visait à éliminer un Français originaire d'Évreux, Mehdi, connu pour trafic de stupéfiants. Derrière cette tentative d'assassinat, les enquêteurs remontent finalement à Mohamed Amra, alors incarcéré à la Santé à Paris. Selon les enquêteurs, le conflit entre les deux hommes serait lié à une transaction litigieuse de cannabis.

Deux semaines plus tard, deux hommes sont tués par balles dans un quartier d'Évreux, parmi lesquels un proche de Mohamed Amra. Les enquêteurs attribuent l'instigation de ce double meurtre à la cible manquée en Espagne, Mehdi.

"Multicarte et opportuniste"

Connu pour des faits de trafic de stupéfiants, Mohamed Amra l'est aussi pour des faits d'enlèvement et d'extorsion. Décrit comme "multicarte et opportuniste" par des sources policières au Monde, l'homme de 30 ans multipliait les activités pour étoffer ses revenus, pratiquant le vol, l'extorsion ou même des enlèvements gérés depuis sa cellule par l'intermédiaire de l'application de messagerie cryptée Signal.

Toujours actif en prison, "La Mouche" disposait également de "facilité depuis sa cellule, toujours selon Le Monde. Il usait notamment une chicha, et profitait d'une équipe de "jeteurs" pour obtenir du tabac, de l'alcool ou encore de la drogue, en plus de produits de bouche.

"Je ne comprends pas", déclare la mère du détenu

Interrogée par RTL, la mère du fugitif a confié ne pas comprendre et a déploré la mort de deux agents pénitentiaires. "Comment on peut ôter des vies comme ça ?", s'est-elle questionnée. Alors que son fils a changé de prisons plusieurs fois, elle aimerait qu'il soit jugé "une bonne fois pour toutes". Elle a aussi affirmé que son fils ne lui parlait pas : "Il ne m'a rien montré, je ne comprends pas".

Maître Hugues Vivier, l'avocat de "La Mouche" s'est pour sa part dit surpris : "Ça ne correspond pas au profil que j'avais perçu de lui. S'il y est impliqué, c'est que véritablement je m'étais trompé sur le fonctionnement et ce dont était capable Mohamed Amra".

De manière plus anecdotique, une connaissance d'enfance de "la Mouche" a témoigné auprès de BFM Normandie. "Il n'avait pas une âme de leader", raconte-t-il, ajoutant "'était quelqu'un d'hyperactif, il n'arrivait pas à rester en place. Il était pas méchant, c'était un gamin lambda".

"Tout sera mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ce crime ignoble", "des gens pour qui la vie ne pèse rien", a réagi le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti lors d’un point presse.