"C'est une gifle qu'Emmanuel Macron nous donne": les Ouighours dénoncent la visite de Xi Jinping en France

Le président chinois Xi Jinping effectuera une visite d'État en France du lundi 6 au mardi 7 mai. Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et la France, ont dénoncé un "génocide" en cours contre les Ouïghours en Chine.

"Le bourreau du peuple ouïghour". La communauté ouïghoure française a fait part ce vendredi 3 mai de sa "colère" face à la visite d'État du président chinois Xi Jinping en France, estimant que cet accueil était "un encouragement pour que la Chine continue ses crimes".

"Nous souhaitons exprimer notre colère contre le fait qu'Emmanuel Macron accueille Xi Jinping, qui est le bourreau du peuple ouïghour, le responsable numéro un du génocide des Ouïghours", a lancé lors d'une conférence de presse à Paris la sociologue Dilnur Reyhan, fondatrice de l'Institut ouïghour d'Europe.

"Dans ce contexte où le génocide est toujours en cours, cet accueil par le président français du bourreau du peuple ouïghour est pour nous incompréhensible (...) et un encouragement pour que la Chine continue ses crimes jusqu'au bout", a-t-elle dénoncé avec émotion.

"Pour le peuple ouïghour et en particulier pour les Ouïghours français, c'est une gifle que notre président Emmanuel Macron nous donne", a-t-elle fustigé.

Le président chinois doit atterrir ce dimanche à Paris, pour une visite d'État lundi et mardi qui célébrera 60 ans de relations diplomatiques bilatérales.

Les Ouïghours, des musulmans sunnites, représentent le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine), région longtemps frappée par des attentats sanglants attribués à des islamistes et des séparatistes.

Plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont dénoncé un "génocide" en cours contre les Ouïghours. En janvier 2022, l'Assemblée nationale française a adopté une résolution dénonçant le "génocide" des Ouïghours par la Chine, en demandant au gouvernement français d'en faire de même.

Depuis 2017, plus d'un million de Ouïghours ou de membres d'autres groupes ethniques, principalement musulmans, ont été internés dans des "camps" de "rééducation" où les violations de droits de l'Homme sont nombreuses, affirment des études et des ONG occidentales.

La Chine présente une partie de ces infrastructures comme des "centres de formation professionnelle" ayant permis, selon elle, d'enseigner un métier aux habitants, de les éloigner de l'extrémisme et de leur assurer une vie meilleure.

Dilnur Reyhan s'exprimait lors du point de presse à Paris aux côtés de Gulbahar Haitiwaji, qui dit "avoir perdu trois années de sa vie" dans un "camp", "juste parce (qu'elle est) ouïghoure".

"La Chine a pour seul but de faire taire les Ouïgours, faire disparaître notre culture, notre histoire et notre identité. La surveillance, la discrimination, et les camps de concentration sont devenus le quotidien de chaque Ouïghour", a-t-elle dénoncé.

Indiquant que c'était "grâce à l'implication de la France" qu'elle avait pu être "libérée", elle a exprimé sa "déception" face à "l'accueil réservé à Xi Jinping par Emmanuel Macron". "Je demande au président de la République d'évoquer la question des camps avec la Chine et de lui demander fermement leur fermeture", a-t-elle lancé.

"Nous demandons aussi la libération de millions de Ouïghours qui sont dans les camps, dans les prisons et dans les usines de travail forcé", a exhorté Dilnur Reyhan.

Elle a dénoncé le fait que le chef de l'État "n'a jamais voulu (la) recevoir, ni les deux rescapés de camps de concentration qui vivent en France". "Mais par contre, il a décidé d'accueillir, non pas les victimes, mais le bourreau dans un pays qui se dit le pays des droits humains".

L'Institut ouïghour d'Europe organise dimanche après-midi une manifestation à Paris, sous la forme d'une pièce de théâtre interprétée par des membres de la communauté ouïghoure en France, pour dénoncer la venue de Xi Jinping.

Article original publié sur BFMTV.com