Jean-Claude Gaudin, l’emblématique ancien maire de Marseille, est mort

Jean-Claude Gaudin est mort lundi 20 mai à l’âge de 84 ans. Emmanuel Macron lui a rendu hommage.

Une figure du Sud s’en est allée. Jean-Claude Gaudin, emblématique ancien maire de Marseille, est mort à l’âge de 84 ans à Saint-Zacharie, dans le Var. Cette figure de la droite française fut maire de Marseille pendant 25 ans, entre 1995 et 2020. Député, Sénateur, président du groupe UMP au Sénat, ministre de l’Aménagement du territoire, de la Ville et de l’Intégration, il fut également conseiller général des Bouches-du-Rhône. C’est dans cette région que celui qui avait consacré sa vie à la politique est né le 8 octobre 1939 à Marseille, dans le quartier de Mazargues.

Sur X (anciennement Twitter) lundi 20 mai, Emmanuel Macron lui a rapidement rendu hommage. « Jean-Claude Gaudin n’est plus. Il était Marseille faite homme. De sa ville, sa passion, il avait l’accent, la fièvre, la fraternité. Pour elle, cet enfant de Mazargues s’était hissé aux plus hauts postes de la République qu’il a servie. Je pense à ses proches et aux Marseillais », a-t-il écrit.

Mazargues, quartier villageois du sud de la cité phocéenne, voit naître Jean-Claude Gaudin le 8 octobre 1939, d’un père maçon et d’une mère ouvrière dans une corderie. À seulement 25 ans, il fait son entrée au conseil municipal de la ville sur une liste d’alliance gauche-centre droit conduite par Gaston Defferre (maire de 1953 à 1986).

S’ensuit une ascension qui fera de lui une figure incontournable de la classe politique française. Candidat de l’UDF aux élections législatives dans la deuxième circonscription des Bouches-du-Rhône, Jean-Claude Gaudin devient député pour la première fois en 1978. Et réitérera l’opération jusqu’en 1989.

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Il connaît son premier revers à la mairie de Marseille en 1983, battu par son ancien mentor Gaston Defferre, aussi ministre de l’Intérieur. Au terme d’une entente avec l’extrême droite, il prend sa revanche en prenant la tête du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, à la tête duquel il sera réélu jusqu’en 1998.

En juin 1995, après deux échecs consécutifs en douze ans, Jean-Claude devient le 42e maire de Marseille, le rôle de sa vie. La même année, il cumule avec la fonction de ministre de l’aménagement du territoire, de la ville et de l’intégration du gouvernement Juppé II. Et prend même la présidence de la nouvelle communauté urbaine Marseille-Provence-Métropole.

Si le monument de la politique enchaîne les plus hautes fonctions d’État (ministre de la Ville entre 1995 et 1997, cinq fois vice-président du Sénat…) Jean-Claude Gaudin, garde Marseille au cœur et se vante même de ses réalisations.

Le stade Vélodrome, le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée), les tunnels… L’élu UMP n’est pas avare de compliments quant à son bilan avec, en premier chef : la baisse du chômage, passée de 22 % à 11 % sous sa gouvernance. Sa « plus belle réussite », avait-il confié en 2020.

En 2015, celui qui bat désormais tous les records en cumul des mandats (réélu en 2014 à Marseille et au Sénat) prend aussi la tête de la Métropole d’Aix-Marseille-Provence. De quoi irriter ses opposants, qui ne manquent pas de dresser un bilan peu reluisant des années Gaudin : réseau de transports en commun insuffisant, ville parmi les plus polluées de France, quartiers populaires délaissés, écoles « délabrées ».

Sous le feu des critiques de ses adversaires, Jean-Claude Gaudin annonce en juin 2017 qu’il ne se représentera pas aux élections municipales de 2020, apportant son soutien à Bruno Gilles puis à Martine Vassal, cheffe des Républicains dans le département. La même année, il est contraint de lâcher son poste de sénateur, nouvelle loi sur l’interdiction de cumul des mandats oblige.

En 2018, nouveau signe d’un retrait à l’horizon : l’élu alors âgé de 78 ans quitte la présidence de la Métropole, succédé par son bras droit Martine Vassal, aussi présidente du département des Bouches-du-Rhône. Admettant que son âge avancé ne lui permettait plus de continuer à diriger la communauté urbaine.

La même année, la catastrophe de la rue d’Aubagne, qui avait vu l’effondrement mortel d’un immeuble mal entretenu, a mis le bilan du maire au centre de nombreuses critiques. Dans cette affaire, Jean-Claude Gaudin est entendu pour la première fois par les juges en novembre 2021 dans le cadre d’une enquête.

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La justice le rattrape quelques mois plus tard, en mars 2022 où il est jugé dans l’affaire des heures supplémentaires fictives à la mairie de Marseille. Résultat des courses : il est condamné à six mois de prison avec sursis et à 10 000 euros d’amende. Signant la fin de son règne sur Marseille.

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