Émeutes en Nouvelle-Calédonie : nouvelle nuit de violences après le vote de la réforme à l'Assemblée

Les émeutes se poursuivent dans la région de Nouméa dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 mai. Emmanuel Macron condamne des violences "indignes".

Nouméa s'est une nouvelle fois réveillée sous une fumée épaisse ce mercredi 15 mai. Pour la deuxième nuit consécutive, des violences ont éclaté dans cette ville de Nouvelle-Calédonie, en proie à des émeutes depuis le début de la semaine. Dans un communiqué, le Haut-commissariat de la République sur l'archipel a fait état de plus de 130 interpellations, malgré l'instauration d'un couvre-feu.

"Une soixantaine de blessés sont à déplorer parmi les forces de l’ordre", précise cette source, qui affirme qu'une "nouvelle rébellion avec tentative d’évasion s’est déroulée au centre pénitentiaire de Nouméa".

Elle a été "mise en échec par les forces de sécurité qui ont repris un complet contrôle de la situation", explique le Haut-commissaire de la République, qui devrait faire un nouveau point de situation ce mercredi.

Les "graves troubles à l'ordre public" ont des conséquences directes sur la vie des Calédoniens, qui sont appelés à "limiter leurs déplacements en journée".

"De nombreux incendies et pillages de commerces, d’infrastructures et d’établissements publics, dont plusieurs écoles et collèges – ont été perpétrés", déplore le Haut-commissaire. Les établissements scolaires "resteront fermés jusqu'à nouvel ordre", a par ailleurs annoncé le gouvernement.

Les vols commerciaux vers Nouméa ont également été suspendus jusqu'à nouvel ordre. En vacances sur l'île de Lifou, Irène, habitante de la capitale de l'archipel, est bloquée loin de son domicile depuis plusieurs jours, expliquait-elle ce mercredi à nos confrères de La 1ère.

Mercredi matin, les pénuries alimentaires, faute d'approvisionnement des commerces, étaient craintes, engendrant de très longues files d'attente devant les magasins. De nombreuses stations-services étaient fermées, alors que dans les rues, des voitures incendiées étaient encore visibles.

En outre, dans plusieurs quartiers de Nouméa, des barrages ont été érigés et des habitants patrouillent armés de bâtons ou de battes de base-ball, encagoulés pour certains.

Pourquoi de telles émeutes? Le débat à l'Assemblée nationale, puis le vote très tôt ce mercredi, de la révision constitutionnelle, qui vise à modifier le corps électoral pour les élections dans l'archipel. Concrètement, le texte pourrait permettre à 25.000 personnes d'intégrer les listes électorales.

Une disposition dénoncée par les indépendantistes, qui accusent Paris de vouloir passer en force pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak", qui représentait 41,2% de la population de l'archipel au recensement de 2019, selon l'Insee.

La réforme devra encore réunir les trois cinquièmes des voix des parlementaires réunis en Congrès à Versailles, mais Emmanuel Macron a promis qu'il ne le convoquerai pas "dans la foulée" de ce vote, pour laisser une dernière chance aux discussions entre les parties locales.

Toutefois, si loyalistes et indépendantistes ne trouvent pas un terrain d'entente dans les prochains jours, le Congrès sera convoqué "avant la fin juin" pour adopter définitivement une révision constitutionnelle, a prévenu le président de la République.

Dans un courrier adressé aux parlementaires calédoniens, le locataire de l'Élysée a également dénoncé les violences "indignes" et a appelé au "calme" dans l'archipel.

Espoir d'une accalmie: le FLNKS, l'une des principales forces indépendantistes, a lancé un appel au calme ce mercredi, se disant favorable à la levée des barrages. À contrario, la loyaliste Sonia Backès, présidente de la Province Sud, a demandé au président de la République de déclarer l'état d'urgence et de mobiliser l'armée.

Article original publié sur BFMTV.com