Mort de Nahel : 10 mois après, ce que l’on sait des faits qui font l'objet d'une reconstitution

Le 27 juin 2023, Nahel, 17 ans, décédait suite au tir d'un policier après un refus d'obtempérer. Dix mois plus tard, une reconstitution est organisée.

Une reconstitution doit avoir lieu le 5 mai, plus de 10 mois après la mort de Nahel (Photo d'illustration / LOU BENOIST / AFP)
Une reconstitution doit avoir lieu le 5 mai, plus de 10 mois après la mort de Nahel (Photo d'illustration / LOU BENOIST / AFP)

La mort de Nahel, le 27 juin 2023, avait relancé le débat sur les violences policières, et entrainé plusieurs jours d'émeutes urbaines. L'adolescent était décédé des suites du tir d'un policier après un refus d'obtempérer. La version policière a rapidement été contredites par des vidéos diffusées par des témoins de la scène, ainsi que par le témoignage des deux passagers du véhicule.

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Plus de dix mois après les faits, une reconstitution est organisée sous haute protection policière, pour déterminer les détails du déroulé du drame. Car si certains éléments sont connus, il reste encore certaines zones d'ombre.

Ce que l'on sait, c'est que Nahel, 17 ans, est au volant du véhicule avec deux passagers à son bord, le mardi 27 juin 2023, à Nanterre, peu avant 8h. Il roule à vive allure sur une voie de bus, ce qui déclenche l'intervention de deux motards de la police, qui tentent à plusieurs reprises d'arrêter le véhicule, sans succès.

Après avoir refusé de s'arrêter à plusieurs reprises malgré les injonctions des policiers, le véhicule est finalement stoppé en raison d'un embouteillage. C'est là que survient le drame. Nahel est tué par un "tir unique" qui "a traversé le bras gauche et le thorax de gauche à droite", selon l'autopsie.

Dans un premier temps, les policiers impliqués mettent en avant la légitime défense et affirment que Nahel aurait refusé un contrôle de police avant de foncer sur l'un des agents, qui n'aurait eu d'autre choix que d'ouvrir le feu pour se protéger.

Mais cette version, appuyée par les syndicats de policiers et relayée dans les médias, est rapidement remise en cause par la diffusion d'une vidéo filmée par une témoin de la scène. Au moment du coup de feu mortel, on voit que les policiers sont sur le côté du véhicule et non pas devant, ce qui discrédite la version policière affirmant que le véhicule fonçait sur l'un des agents.

Puis une seconde vidéo des faits est révélée, tournée par le conducteur du véhicule situé devant la voiture de Nahel, et qui filme la scène via le rétroviseur de sa voiture. On y voit les deux motards de la police, à pied, s'approcher de la vitre du conducteur et crier sans pour autant comprendre ce qu'ils disent. On entend également des coups donnés par l'un des policiers à la voiture.

Selon les deux passagers du véhicule, Nahel a été sonné par des coups de crosse donnés par les policiers. Des coups, poursuivent les deux passagers, qui ont fait lâcher à Nahel la pédale de frein, faisant redémarrer le véhicule, muni d'une boite automatique qui n'était pas sur "park". Le passager arrière affirme que le policier ayant lancé à Nahel "qu'il allait lui mettre une balle dans la tête", des propos depuis confirmés, Nahel a tenté de "se protéger la tête" ce qui l'a amené à lâcher le frein avec son pied.

Sur la première vidéo, selon un rapport de l'Institut de recherches criminelles de la gendarmerie nationale (IRCGN) auquel RTL a eu accès, un des deux policiers mis en cause dans cette affaire a bien parlé de "balle dans la tête", comme le rapportait un témoin, ce qui vient donc conforter le rapport policier de l'IGPN, la police des polices.

En revanche, le doute subsiste sur les propos tenus par le policier, avant de tirer. Le policier a-t-il dit avant de tirer "shoote-le", comme l'attestent plusieurs témoins, ou "coupe-le", sous-entendu, le moteur, comme il l'a défendu devant les juges. Sur ce point, l'IRCGN ne tranche pas, la qualité du son ne permet pas aux experts de se prononcer.

Tout l'enjeu de la reconstitution organisée sous haute sécurité à l'endroit où le coup de feu a été tiré sera de déterminer si le policier auteur du coup de feu, était en danger au moment du tir. Pouvait-il reculer ? Était-il pris en étau entre le véhicule conduit par Nahel et un muret ? Son collègue était-il en danger? Autant de questions qui permettront de justifier ou non le coup de feu qui a été tiré.

Le policier auteur du tir, Florian M. est poursuivi pour "homicide volontaire par une personne dépositaire de l'autorité publique". Placé en détention provisoire dans un premier temps, il a été libéré sous contrôle judiciaire le 15 novembre dernier.