Assurance chômage : en attendant Gabriel Attal, cette étude sur les potentiels effets de la réforme inquiète

Gabriel Attal a décalé sa présentation des grands axes de la réforme de l’Assurance chômage en raison de la situation en Nouvelle-Calédonie. Dans un document interne l’Unédic a évalué ses possibles conséquences pour les allocataires.

Le Premier ministre Gabriel Attal doit préciser dans les prochains jours les contours de la réforme de l’Assurance-chomage.
LUDOVIC MARIN / AFP Le Premier ministre Gabriel Attal doit préciser dans les prochains jours les contours de la réforme de l’Assurance-chomage.

POLITIQUE - À un mois et demi de son entrée en vigueur, les contours de la réforme de l’Assurance chômage n’ont pas encore été dévoilés. En raison de la crise politique en Nouvelle-Calédonie, le Premier ministre Gabriel Attal et la ministre du travail, Catherine Vautrin ont reporté une présentation des grands axes de leur projet qui aurait dû se tenir ce jeudi, sans donner de date précise pour sa prochaine tenue.

En attendant, les conséquences potentielles des mesures envisagées par le gouvernement pour revoir les règles d’indemnisation des demandeurs d’emploi ont été évaluées par l’Unédic. L’organisme chargé de gérer l’Assurance chômage a ainsi diffusé en interne ce samedi 18 mai une étude estimant l’impact de différents scénarios sur les allocataires et sur les dépenses.

Dans ce document, révélé par Le Monde et dont l’AFP a obtenu copie, l’Unédic que jusqu’à près d’un tiers des allocataires seraient touchés si le gouvernement décidait de durcir les conditions d’ouverture des droits.

Fin mars, le Premier ministre Gabriel Attal avait énuméré trois leviers possibles pour réformer l’Assurance chômage : durée d’indemnisation, niveau d’indemnisation et condition d’affiliation, c’est-à-dire le temps qu’il faut avoir travaillé pour être indemnisé.

Sur ce dernier paramètre, parmi les pistes évoquées figure le fait qu’il faudra avoir travaillé neuf mois sur les deux dernières années, et non plus six.

Selon le document interne de l’Unédic, 11 % des allocataires seraient touchés par un report de droits si cette durée était portée à sept mois et le régime économiserait 400 millions d’euros par an. La proportion grimperait à 31 % si la durée était portée à douze mois, pour une économie de 2,3 milliards d’euros.

L’impact serait plus fort encore si l’exécutif décidait de réduire la période de référence pendant laquelle il faut avoir travaillé pour toucher les allocations, en la ramenant de 24 mois à 18.

Selon l’analyse de l’Unédic, durcir la condition d’affiliation toucherait en premier lieu les allocataires de moins de 25 ans ou sortant d’un CDD ou d’intérim. « Cela confirme que seront touchées les personnes les plus éloignées de l’emploi, et de l’emploi de qualité. On ne voit pas bien le lien avec le plein-emploi, on est sur des trappes à pauvreté », a commenté auprès de l’AFP Olivier Guivarch, négociateur CFDT de l’assurance chômage.

Autre scénario possible évalué : une réduction à 12 mois de la durée d’indemnisation, qui est aujourd’hui de 18 mois pour les moins de 53 ans. Cela ne se traduirait pas une moindre couverture pour 45 % des allocataires et des dépenses réduites de près de 6 milliards pour l’Unédic.

Réduire la durée d’indemnisation toucherait un profil différent d’allocataires, notamment des plus de 25 ans, avec des allocations plus élevées que la moyenne ou se retrouvant au chômage après une rupture conventionnelle.

« Grâce à l’Unédic, on a des chiffrages que le gouvernement ne donne jamais. On voit que cela peut s’annoncer violent et réduire encore le nombre de personnes pouvant y avoir droit », s’est alarmé Denis Gravouil, négociateur de la CGT sur l’assurance chômage.

Les nouvelles règles, qui devraient être plus restrictives, doivent s’appliquer à partir du 1er juillet. Les choix du gouvernement sont attendus très prochainement. Cela ne devrait toutefois pas être la semaine prochaine, selon une source gouvernementale.

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