Liberté de la presse en France et dans le monde : RSF dévoile son classement 2024 et alerte

Pressions politiques, manque de protection, désinformation... Dans son nouveau classement RSF livre un bilant inquiétant de la liberté de la presse dans le monde.

Liberté de la presse en France et dans le monde : RSF dévoile son classement 2024 et alerte (image d’illustration)

MÉDIAS - Les conditions d’exercice du journalisme sont mauvaises dans les trois quarts des pays, estime Reporters sans frontières. L’ONG a dévoilé son classement annuel de la liberté de la presse ce vendredi 3 mai. Pis, les pressions politiques sur la presse augmentent dans le monde alors même que la moitié de la planète vote cette année, alerte encore l’ONG.

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La France passe de la 24e à la 21e position, mais attention. Cette amélioration provient de la « mécanique du classement », alors que les indicateurs du pays « stagnent » en réalité, relève auprès de l’AFP Anne Bocandé, directrice éditoriale de l’ONG de défense des journalistes.

Parmi les cas les plus inquiétants, RSF pointe notamment celui de l’Argentine. Désormais dirigé par l’ultralibéral Javier Milei, le pays figure parmi ceux qui perdent le plus de places dans le classement annuel.

« La situation est particulièrement inquiétante » en Argentine, dirigée par un des « prédateurs revendiqués de la liberté de la presse », estime RSF. En mars, le nouveau président avait par exemple annoncé la fermeture de l’agence de presse publique Télam, accusée de « propagande ».

En Europe, la Grèce occupe cette année la 88e place sur 180, remontant ainsi de 19 places. Une progression en demi-teinte, puisqu’elle se retrouve pour la troisième année consécutive à la dernière place au sein de l’Union européenne, derrière la Hongrie ou la Pologne.

La progression relative du pays « reflète l’absence en 2023 d’atteintes très graves à la liberté de la presse » comme ce fut le cas lors de l’assassinat d’un journaliste en 2021 ou avec l’éclatement d’un scandale de surveillance en 2022. « La concentration des médias, le faible pluralisme et la remise en cause de l’indépendance éditoriale par les propriétaires interventionnistes » restent aussi problématiques selon RSF.

À l’est de l’Europe et en Asie centrale également, « les censures de médias se sont intensifiées, dans un mimétisme spectaculaire des actes de répression russes », observent les spécialistes de RSF, citant le Bélarus (167e), la Géorgie (103e), le Kirghizistan (120e) et l’Azerbaïdjan (164e). La Russie, où Vladimir Poutine a été réélu en mars, se classe 162e.

De plus, l’arsenal de la désinformation s’est enrichi de l’intelligence artificielle générative. En témoigne un « deepfake » audio (montage perfectionné) dont a été victime la journaliste Monika Todova en Slovaquie (29e, -12 places). Un contenu qui a « clairement profité à la désinformation pro-russe qui sévit dans le pays », d’après RSF.

La Norvège reste en tête du classement. Parmi les dix derniers, figurent la Chine, l’Iran, la Corée du Nord, ainsi que la Syrie et enfin l’Érythrée, « deux pays qui sont devenus des zones de non-droit pour les médias, avec un nombre record de journalistes détenus, disparus ou otages », selon RSF.

Les baisses les plus importantes s’observent en Afghanistan sous l’empire des talibans (178e, -26 places), au Togo (113e, -43), en Équateur (110e, -30), en Géorgie (103e, -26 places), au Burkina Faso (86e, -28) ou en Argentine (66e, -26 places).

Par ailleurs, l’ONG dénonce l’« absence manifeste de volonté politique de la communauté internationale à faire appliquer les principes de protection des journalistes » à Gaza. Plus de 100 reporters palestiniens ont été tués par l’armée israélienne, dont au moins 22 dans l’exercice de leurs fonctions, rappelle RSF.

Plus largement, cette édition 2024 met en exergue une moindre protection du journalisme par les États, quand ce n’est pas un rôle actif de ceux-ci dans la désinformation. RSF pointe ainsi « une détérioration préoccupante du soutien et du respect de l’autonomie des médias », alors que près de la moitié de la population a rendez-vous dans les urnes, de l’Inde aux États-Unis en passant par les élections européennes. De quoi laisser présager de nouvelles « pressions très fortes ».

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