Blocus, grèves de la faim... La mobilisation pour Gaza s'étend à Sciences Po et dans les universités

Débutée à Sciences-Po Paris par quelques dizaines d'étudiants, la mobilisation propalestinienne semble s'être propagée dans plusieurs universités françaises cette semaine, alors que des étudiants menaient toujours des actions sur leurs campus dans la nuit du jeudi 2 au vendredi 3 mai.

Signe que la mobilisation des étudiants de l'Institut d'études politiques parisien ne faiblit pas: les locaux de la prestigieuse école seront fermés ce vendredi. Une mesure prise par la direction en réaction à un nouveau blocage du campus par une centaine de jeunes et revendiqué par le Comité Palestine Sciences Po.

Une poignée d'étudiants sur chaque campus

Ce collectif assure qu'au moins six étudiants ont "commencé une grève de la faim jusqu'à ce que Sciences Po s'engage à la création d'un groupe de travail et à la publication d'un rapport sur les partenariats universitaires et économiques vis-à-vis des violations du droit international et des droits de l'Homme en Palestine".

Sciences Po Paris n'est pas le seul établissement à s'être mobilisé. Devant la Sorbonne, où la police était déjà intervenue le lundi 29 avril pour évacuer des manifestants, près de 300 étudiants venus de différents campus se sont réunis jeudi après-midi et ont organisé un campement d'une vingtaine de tentes.

Le campus Jourdan de l'École normale supérieure (ENS) a été bloqué jeudi par des étudiants, a indiqué la direction. À Lille, l'Institut d'études politique était fermé et les accès à l'École supérieure de journalisme (ESJ) bloqués.

À Sciences Po Lyon, des dizaines de personnes ont occupé jeudi soir un amphithéâtre, tandis qu'à Saint-Étienne, une poignée d'étudiants réclamant un cessez-le-feu à Gaza ont bloqué les accès à un site universitaire, avant d'être évacués par la police.

"En soutien aux mobilisations aux États-Unis"

Le Comité Palestine Sciences Po revendique des mobilisations dans 17 Instituts d'Études politiques et campus universitaires dans le pays ces derniers jours. Plusieurs des blocus ont pris fin après l'intervention des forces de l'ordre, comme à Rennes mardi 30 avril.

"On veut rejoindre le mouvement de solidarité avec la Palestine, en soutien aux mobilisations aux États-Unis", a plaidé sur les réseaux sociaux un étudiant lyonnais, dont la vidéo a été relayée par Révolution permanente, parti d'extrême gauche.

Car c'est de l'autre côté de l'Atlantique que les étudiants se sont d'abord mobilisés pour demander un cessez-le-feu et la fin de la riposte israélienne à Gaza, où la situation humanitaire est critique. Depuis, en plus de la France, des actions similaire mais d'une ampleur bien plus faible ont eu lieu en Suisse, en Belgique, ou encore au Canada et au Mexique.

Samedi 27 avril, réagissant au blocus de Sciences Po Paris, Gabriel Attal a dénoncé "les dérives d’une minorité agissante et dangereuse" qui veut imposer "une idéologie venue d'outre-atlantique". Reste que la mobilisation et moins dure qu'aux États-Unis, où des dizaines et des dizaines d'étudiants ont été interpellées ces derniers jours.

Un débat "dur" ce jeudi à Paris

Sur les sites de Sciences Po, les manifestants dénoncent un "génocide" à Gaza et appellent l'institution à "condamner officiellement les actions israéliennes" et à "mettre fin aux partenariats avec Israël".

Après une mobilisation émaillée de tensions en fin de semaine dernière, le mouvement avait été suspendu après l'accord de la direction pour organiser un débat interne qualifié de "townhall", terme utilisé aux États-Unis pour une grande réunion publique.

"Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d'émotion", a indiqué Jean Bassères, l'administrateur provisoire de Sciences Po, qui accueille quelque 2.000 étudiants à Paris selon le site de l'école. Il a appelé au "calme" avant le début des examens lundi.

Jean Bassères a indiqué avoir "pris des positions assez fermes sur certains sujets", en refusant "très clairement la création d'un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes".

Article original publié sur BFMTV.com