Antisémitisme : la majorité des Français estiment qu'il s'agit d'un "phénomène répandu" en France

76% des Français estiment que l'antisémitisme est un "phénomène répandu" en France et en hausse par rapport à il y a une dizaine d'années.

Un phénomène "répandu" et "en augmentation": c'est ainsi qu'est perçu l'antisémitisme en France, selon une enquête réalisée par l'Ifop pour l'American Jewish Committee et la Fondation pour l'innovation politique.

76% des Français estiment que l'antisémitisme est un "phénomène répandu", un chiffre qui s'élève à 92% chez les Français juifs. Ces chiffres s'élevaient à 64 et 85% en 2022. Ce phénomène est par ailleurs "en augmentation" par rapport à il y a une dizaine d'années pour 77% des Français, et 94% de ceux de confession juives, des chiffres là aussi en hausse par rapport à 2022.

"L'heure est grave (...) les chiffres sont de plus en plus graves" a réagi Elie Korchia, président du Consistoire central de France sur RMC ce lundi matin, dénonçant "une banalisation de l'antisémitisme".

Pour expliquer cet antisémitisme, 57% des Français et 73% des Juifs interrogés avancent "le rejet, la haine d'Israël", avant "les idées islamistes" pour 45% et 56%. Ces motifs sont suivis par les "idées d'extrême gauche", "le compotisme, les théories du complot" et "les idées d'extrême droite".

Aussi, 21% des répondants à l'enquête estiment qu'il est "justifié" que des Français juifs soient pris à partie en raison de "leur soutien réel ou supposé au gouvernement israélien". Un avis partagé par 35% des moins de 25 ans.

Chez les personnes de confession juive, la crainte d'être victime d'un acte antisémite a augmenté depuis l'attaque du 7 octobre et concerne désormais 86% des interrogés. D'ailleurs, 25% affirment avoir déjà fait l'objet d'actes antisémites depuis cette date et ils sont même 12% à dire que cela s’est produit à plusieurs reprises. Un chiffre qui monte à 36% pour les personnes qui portent "systématiquement ou régulièrement" des signes religieux distinctifs.

"Les données que nous évoquons peuvent inclure un large éventail d'incidents, allant de commentaires désobligeants sur les réseaux sociaux à des agressions physiques caractérisées", précise l'enquête.

Les résultats de cette étude ont été publiés au moment où le gouvernement lance des "assises de la lutte contre l'antisémitisme". La ministre de la lutte contre les discriminations Aurore Bergé réunit ce lundi matin à Paris les responsables de plusieurs associations (Licra, SOS Racisme...) et les représentants des six principaux cultes pour plancher sur le sujet. Des témoins ayant été victimes de l'antisémitisme viendront également faire part de leur expérience.

Selon un rapport du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) publié au mois de janvier, le nombre d'actes antisémites recensés en France a bondi l'an dernier, à 1.676 contre 436 en 2022, avec une hausse de 1000% depuis l'attaque du 7 octobre 2023 du Hamas en Israël.

Article original publié sur BFMTV.com