Julie Pietri : "Quand on m'a annoncé mon cancer, j'ai eu très peur. J'en étais à choisir ma perruque, à me demander si ma vie allait s'arrêter"

Julie Pietri, dont la voix envoûtante a marqué les années 80, a dévoilé la réédition de son dernier album "Origami", sorti initialement en juin 2022. Pour Yahoo, l’artiste de 69 ans est revenue sur sa passion pour la musique tout en se confiant sur son enfance, ses inspirations et sur les coups durs de la vie qu’elle a traversés.

Femme des années 80, Julie Pietri a marqué les esprits grâce à plusieurs tubes cultissimes dont le célèbre “Ève, lève-toi”. Un morceau dont les sonorités orientales évoquent le Sud, notamment l’Algérie qu’elle a dû quitter en 1962. “J’ai le sentiment que ma famille a beaucoup souffert. Il fallait partir d’un pays qui était le nôtre”. Une période douloureuse pour la chanteuse de 69 ans dont l’enfance n’a pas toujours été un long fleuve tranquille. “Je ne peux pas parler de la beauté de l’Algérie. Tout ce que je voyais, c’était un ciel qui s’embrasait à cause des dizaines de bombes qui sautaient en même temps”. Un traumatisme dont elle garde encore les stigmates. “J’ai vécu des choses extrêmement difficiles que je ne souhaite à personne", rappelle-t-elle.

Une apocalypse qu’elle voit à nouveau aujourd’hui au travers des conflits actuels. “Les guerres sont à nos portes et je trouve que c’est terrible, cet embrasement pour les générations qui arrivent. Je pensais naïvement que le XXIe siècle serait celui de la paix, je me suis vachement gourée”. Alors pour s’évader, Julie Pietri peut compter sur sa passion, la musique par laquelle elle parvient à transmettre ses émotions. “L’amour qu’on vous renvoie sur scène, c’est extraordinaire. Je suis nourrie par la passion de ce métier, par la passion de chanter, d’écrire, de produire”. Pour elle, la musique a le pouvoir de guérir de nombreux maux, de “lutter contre les agressions de ce monde” mais aussi de lutter contre ses “angoisses”.

Comme de nombreuses femmes, l’interprète de “Magdalena” a dû faire face à un cancer de l’endomètre l’année dernière, une maladie pour laquelle elle a été opérée. “J’ai eu très peur. J’en étais à choisir ma perruque, c’était lourd”, explique-t-elle tout en confiant être passée par de multiples émotions négatives au cours des semaines qui ont suivi le diagnostic. Mais pour son plus grand bonheur, les médecins ont fini par lui annoncer une très bonne nouvelle. “Après les bilans, on m’a annoncé que je n’aurais qu’une hystérectomie et que je n’aurais qu’une radiothérapie”.

Désormais guérie, Julie Pietri souhaite partager son expérience et aider d’autres personnes victimes de cancer. “J’ai une puissance vitale que j’ai envie de transmettre”, confie-t-elle tout en rappelant que les cancers féminins, “s’ils sont pris trop tard, sont d’un très mauvais pronostic”. Alors, depuis, elle encourage toutes les femmes à consulter lorsqu’elles ont le moindre symptôme. “Quand c’est pris à temps, on est vivants et on continue. Donc allez-y ! Consultez”.

Heureuse d’être en vie et en bonne santé, Laurie Pietri vit aujourd’hui comme si elle en avait 38. “Le jour où j’aurai un déambulateur, je vous dirai que la vie est moche. Comme dirait Madonna, l’âgisme on s’en fout. C’est fait pour quelques aigris. N’en déplaise aux haters des réseaux sociaux, non une vie ne se finit pas à 69 ans”.

Une rage de vivre qu’elle transmet par le biais de ses chansons. Des musiques bien différentes de ce que ses fans ont l’habitude d’écouter. Marre de cette étiquette d’artiste des années 8O, la sexagénaire avait besoin de le faire savoir. “On a fait quelque chose qui n’a rien à voir avec les années 80. Il y a deux duos, l’un avec Lio et l’autre avec Anne Sila”. Une autre facette qu’elle souhaitait montrer à son public, un public qui lui a toujours montré de la reconnaissance et grâce auquel elle a reçu de prestigieuses distinctions. “J’ai été distinguée en 2019 au Liban à Beyrouth et j’ai reçu un Murex d’or pour l’ensemble de ma carrière, pour les 12 millions de disques vendus jusqu’à aujourd’hui”, rappelle-t-elle tout en expliquant être “une citoyenne du monde”. “D’ailleurs j’ai été plus distinguée au Liban qu’en France”, s'amuse-t-elle.