En Nouvelle-Calédonie, un mort et deux blessés dans un échange de tirs : le point sur la situation

Une rue de Nouméa bloquée le 18 mai 2024 
DELPHINE MAYEUR / AFP Une rue de Nouméa bloquée le 18 mai 2024

NOUVELLE-CALÉDONIE - Le bilan s’alourdit un peu plus. La situation reste tendue ce samedi 18 mai en Nouvelle-Calédonie au sixème jour d’émeutes. Un échange de tirs dans le nord du territoire, sur un barrage, a fait un mort et deux blessés à Kaala-Gomen, selon la gendarmerie et des sources proches du dossier. Il s’agit de la sixième personne à trouver la mort depuis le début des violences, lundi.

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Les faits se sont produits à 14h30 (5h30 à Paris), selon deux sources proches du dossier. D’après une de ces sources, des tirs ont été échangés quand deux Caldoches d’une même famille ont voulu passer un barrage : le père est décédé, son fils a été blessé, ainsi qu’un Kanak.

Le Haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, a concédé vendredi que trois quartiers défavorisés de la plus grande agglomération du territoire, Nouméa, en majorité peuplés de Kanak, restaient aux mains de « centaines d’émeutiers ». Il ne s’est pas exprimé samedi.

« Les deux dernières nuits, on peut dire qu’elles étaient plus calmes, par contre, les jours se ressemblent, avec son lot d’incendies », a déclaré Sonia Lagarde, la maire de Nouméa (Renaissance) de la « capitale » calédonienne, interrogée par BFM-TV.

De lourds renforts arrivés sur place

Dans la soirée de ce vendredi, ce sont pas de moins de 1.000 renforts qui sont arrivés, en plus des 1.700 déjà déployés, a montré la détermination des autorités françaises à reprendre le contrôle de la situation.

Des forces sont déployées pour sécuriser les ports et l’aéroport du territoire, désormais placé sous le régime de l’état d’urgence. Décrété dès mardi, entre 18H00 à 6H00 locales (9H00 à 21H00 à Paris), il reste en vigueur jusqu’à nouvel ordre.

Alerte sanitaire

Un responsable de l’hôpital de Nouméa, Thierry de Greslan, s’est alarmé de la dégradation de la situation sanitaire. « Trois ou quatre personnes seraient décédées hier (jeudi) par manque d’accessibilité aux soins », en raison notamment de barrages.

L’Établissement français du sang a annoncé un acheminement de produits sanguins pour répondre à une situation « critique ».

Le Haut-commissaire a promis la mobilisation de l’Etat pour « organiser l’acheminement des produits de première nécessité », ainsi qu’un « pont aérien » entre l’Hexagone et son archipel, séparés de plus de 16.000 km.

Une enquête ouverte

Le parquet de Nouméa a ouvert une enquête notamment pour association de malfaiteurs visant « des commanditaires » présumés des émeutes, dont « certains membres de la CCAT », la Cellule de coordination des actions de terrain, ce collectif indépendantiste dans le collimateur du gouvernement.

Au total, depuis dimanche, 163 personnes ont été placées en garde à vue, dont 26 ont été déférées devant la justice, selon le parquet. Le réseau social TikTok, utilisé par les émeutiers, est banni jusqu’à nouvel ordre.

Interrogée sur le montant des dégâts, la maire de Nouméa a estimé être dans l’« impossibilité » de les chiffrer.   « Il y a des tas de structures municipales qui ont brûlé, des médiathèques, des écoles », a-t-elle rappelé. Selon des estimations locales, le montant des dégâts atteignait jeudi 200 millions d’euros.

Vers une mission parlementaire ?

Des discussions ont lieu à Paris sur l’avenir de la réforme constitutionnelle qui a mis le feu aux poudres, et menée sans suffisamment de concertation d’après de nombreux élus calédoniens.

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, et le président du Sénat, Gérard Larcher, avec plusieurs parlementaires de tous bords politiques, ont demandé vendredi lors d’une réunion à Matignon une mission de dialogue. Mais l’idée de reporter la convocation du Congrès qui doit entériner la réforme ne fait pas consensus, selon plusieurs sources parlementaires.

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